Le Marché de l'Herboriste qui s'est tenu les 2 et 3 juin à Milly-la-Forêt a une nouvelle fois drainé une forte affluence malgré une météo capricieuse dont l'alternance soleil-nuages a finalement plutôt bien servi les innombrables variétés végétales présentées sur la place de la Halle, tout en générant quelques angoisses parmi les organisateurs et exposants.
L'organisation
d'un tel événement mobilise le coeur du centre-ville,
le livrant exclusivement aux piétons, pour des raisons de
sécurité et de confort évidentes.
Pouvoir
déambuler sur la place de la Halle et dans quelques rues
avoisinantes sans craindre de se faire écharper par un
mastodonte bruyant et nauséabond, tel est le rêve de
nombreux milliacois. Cette bénédiction, octroyée
pour un week-end entier, devait, pensions-nous naïvement, faire
l'unanimité.
Que
nenni ! Les accros à l'auto ont une nouvelle fois offert à
nos yeux pourtant blasés le spectacle attristant de leur
absurde ballet. Notre incurable optimisme nous avait fait oublier la
persistance de cette espèce malheureusement en voie de
non-disparition et de surcroît protégée à
la fois par des autorités qui bottent généralement
en touche (« On ne peut pas éduquer les gens
! ») et une carosserie d'une solidité à
toute épreuve.
Le
comportement de ses représentants se caractérise par
une obstination à s'accrocher à leur engin même
lorsque son usage se révèle de toute évidence
impossible ou carrément interdit. Et même lorsque, mus
par un éclair de lucidité fortuit, ils se font violence
pour en sortir, ils prennent soin de s'en éloigner le moins
possible.
Il
est vrai qu'une fois sorti de son cocon, l'accro à l'auto se
voit dans l'obligation de pratiquer une activité qui lui est
visiblement étrangère : la marche. Voilà pourquoi
il s'approprie sans vergogne la moindre parcelle de bitume vacante
dès lors qu'elle lui permet de faire l'économie de
quelques pas et tant pis pour la personne handicapée dont il a
indûment pris la place, tant pis pour le piéton obligé
de descendre du trottoir à ses risques et périls, et
tant pis pour les services de sécurité dont il obstrue
le passage. Que se passerait-il en cas de sinistre ou d'accident ?
Une
autre caractéristique de l'espèce est l'usage répété
de l'expression : « J'en ai pour deux minutes »
ou sa variante « J'en ai pour trois minutes »
qui semble être son seul mode de communication, certains
borborygmes mis à part. Notons au passage que les dites deux
ou trois minutes sont largement sujettes à inflation, signe
d'un dysfonctionnement évident dans l'appréciation du
temps.
Soyons
franc, nous ne parlons que d'une minorité, malheureusement
trop visible, moins concernée par le Marché de
l'Herboriste que par l'acquisition dans les délais les plus
brefs de sa baguette de pain ou de son quota de nicotine. Non,
l'écrasante majorité des visiteurs s'est sans rechigner
pliée aux (légères) obligations liées à
tout événement de cette importance et au respect
d'autrui qui en découle.
Un
avant-dernier mot sur les commerçants de la place de la Halle
que l'on disait hostiles à la manifestation pour cause de
piétonnisation (ce seul mot provoquant instantanément une forte montée d'adrénaline
chez les membres de cette honorable corporation). Eh bien, nous avons
vu des commerçants à la mine réjouie, du moins
ceux qui, avisés, avaient mis en place les animations
adéquates pour profiter au mieux d'un apport inattendu de
chalandise, car et ce sera le mot ou plutôt le chiffre de la
fin : on parle de 12 000 visiteurs, record absolu ! Alors ?
Alors,
le bonheur, Simplement.