Milliacois, ne
vois dans ce titre aucune allusion frondeuse ou désagréable.
Non,
non, ce dont il est question est une décision municipale
provoquant un début de polémique (voir l'article du Républicain de l'Essonne) : l'extinction de l'éclairage
public entre minuit et 5h30 du matin et ce, depuis le 1er avril (oui,
oui).
Disons-le
tout net, nous sommes totalement favorables à cette mesure
déjà en place dans de nombreuses autres communes, et
ce, pour une raison bien simple : elle va dans le sens de la lutte
contre la pollution lumineuse, lutte que l'ANPCEN (Association
Nationale pour la Protection du Ciel et de
l'Environnement Nocturnes) mène inlassablement,
car nul ne peut plus nier aujourd'hui les effets néfastes de
la lumière artificielle sur la biodiversité et les
humains, pas plus que l'aberration économique d'éclairer
les étoiles, la nuit.
Enfin,
toute mesure de nature à réduire la consommation
énergétique doit être saluée comme il se
doit.
Une visite sur le site de l'association convaincra les plus sceptiques.
Alors,
de quoi se plaint-on ?
L'argumentation
des opposants repose essentiellement sur le risque accru
d'insécurité auquel une obscurité complice nous
exposerait. Voilà qui est un peu court alors qu'aucune étude
sérieuse ne le démontre.
Entendons-nous
bien : que la suppression de l'éclairage nocturne provoque,
dans un premier temps, un sentiment d'insécurité
est une chose parfaitement compréhensible. Mais affirmer sans
preuves qu'elle est à l'origine d'une augmentation des
cambriolages ou des agressions relève du pur fantasme.
Nous
n'y verrons donc que la banale expression d'une résistance
au changement bien hexagonale dont, sur un autre sujet de
société, l'actualité nationale de ce mois
d'avril nous offre malheureusement le triste exemple.
Mais
revenons à la décision municipale. Avouons-le, nous
sommes heureusement surpris et autant nous nous élevons contre
ce qui nous semble injuste ou contraire à l'intérêt
général, autant nous applaudissons toute politique
allant, à nos yeux, dans le bon sens.
Cependant,
un examen plus attentif du contexte vient malheureusement tempérer
notre enthousiasme
L'argument
économique
Loin
de nous l'idée de critiquer une mesure d'économie.
Réduire de 20 000 € la facture annuelle d'électricité,
n'est neutre pour aucun budget municipal. Espérons simplement
que, d'ici un an, la réalité de l'économie
réalisée sera rendue publique, au nom de la
transparence à laquelle nous avons droit.
Nous
sommes par contre très gênés par les propos du
maire, justifiant sa décision par une pression conjointe du
PNR du Gâtinais français et du Conseil Général
de l'Essonne, qui conditionnent l'octroi de subventions à la
mise en place de cette mesure, notamment dans le cadre de l'Agenda 21
communal. Autrement dit : « J'éteins l'éclairage
public la nuit et j'ai des sous ». Simple, non ?
Donc,
nul souci écologique derrière tout cela mais un basique
pragmatisme financier, très loin de la politique
environnementale sincère que, dans notre naïveté,
nous nous étions déjà imaginée.
Voilà
qui, malheureusement, ne nous rappelle que trop la mise en place de
l'Agenda 21 municipal, déclencheur de subventions dont plus
personne n'a entendu parler depuis la réunion publique de
décembre 2012. La seule tenue de cette réunion
suffisait-elle pour obtenir la manne espérée ?
Après
tout, pourquoi ne pas en profiter si les critères des généreux
donateurs de fonds publics ne sont pas assez rigoureux, critères
issus eux-mêmes d'un Grenelle de l'Environnement dont on
réalise jour après jour le caractère
superficiel et trompeur ? Aujourd'hui n'importe quelle collectivité locale se conformant à des normes environnementales ou sociales trop peu exigeantes peut non seulement prétendre à des subventions mais aussi s'autoproclamer exemplaire !
Et
puisque l'on parle de gros sous, une question nous vient à
l'esprit : quelle est depuis le 1er avril l'efficacité des
caméras de surveillance entre minuit et 5h30 du matin ? Voilà
une bonne question qui en entraîne une autre : quelle
serait, dans ces conditions, l'utilité de nouvelles caméras,
pourtant planifiées (voir notre article du 6 novembre 2012) et
ne serait-il pas judicieux d'affecter ce budget de plusieurs dizaines
de milliers d'euros à l'amélioration d'autres
équipements plus utiles à la collectivité, tels
que les trottoirs ou les aménagements cyclables par exemple ?
Voilà un choix que nous saluerions pour sa cohérence !
Où
est la pédagogie ?
La
suppression de l'éclairage nocturne fait débat car elle
provoque des craintes légitimes parmi les habitants. La
première des choses à faire aurait été, à
notre sens, de les préparer bien avant en leur
apportant toutes les explications propres à les rassurer. Le
sujet en valait vraiment la peine et l'occasion était
belle de faire un peu de pédagogie en s'appuyant par
exemple sur les conseils et l'expérience de l'ANPCEN.
En
tout et pour tout, deux informations avaient
été diffusées sur la question dans le bulletin
municipal (voir des extraits du bulletin municipal d'octobre 2012 ici et là) mais rien n'indiquait qu'une
décision allait être prise de façon aussi
unilatérale. Pourquoi tant de précipitation ?
Peut-être le respect d'une échéance pour obtenir
la subvention tant convoitée ? Mais alors pourquoi autant
d'autres collectivités locales ont-elles pris le temps de l'explication ? (voir
encore ici et encore là). Chacun se fera son opinion.
Toujours
est-il que le résultat est là : une polémique
naissante essentiellement basée sur le pire argument qui soit
(la peur) et un risque potentiel d'impopularité à
l'encontre d'une mesure aux vertus écologiques indiscutables.
Notre
incurable optimisme nous pousse toutefois à espérer que ces deux signaux incitent nos élus à prendre
conscience de leur devoir d'information.
Il n'est jamais trop tard pour bien faire.
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