lundi 22 avril 2013

Milly-la-Forêt ville sans lumières


Source : http://splendeursducielprofond.over-blog.com/

Milliacois, ne vois dans ce titre aucune allusion frondeuse ou désagréable. 
Non, non, ce dont il est question est une décision municipale provoquant un début de polémique (voir l'article du Républicain de l'Essonne) : l'extinction de l'éclairage public entre minuit et 5h30 du matin et ce, depuis le 1er avril (oui, oui).

Disons-le tout net, nous sommes totalement favorables à cette mesure déjà en place dans de nombreuses autres communes, et ce, pour une raison bien simple : elle va dans le sens de la lutte contre la pollution lumineuse, lutte que l'ANPCEN (Association Nationale pour la Protection du Ciel et de l'Environnement Nocturnes) mène inlassablement, car nul ne peut plus nier aujourd'hui les effets néfastes de la lumière artificielle sur la biodiversité et les humains, pas plus que l'aberration économique d'éclairer les étoiles, la nuit.
Enfin, toute mesure de nature à réduire la consommation énergétique doit être saluée comme il se doit.
Une visite sur le site de l'association convaincra les plus sceptiques.

Alors, de quoi se plaint-on ?

L'argumentation des opposants repose essentiellement sur le risque accru d'insécurité auquel une obscurité complice nous exposerait. Voilà qui est un peu court alors qu'aucune étude sérieuse ne le démontre.

Entendons-nous bien : que la suppression de l'éclairage nocturne provoque, dans un premier temps, un sentiment d'insécurité est une chose parfaitement compréhensible. Mais affirmer sans preuves qu'elle est à l'origine d'une augmentation des cambriolages ou des agressions relève du pur fantasme.
Nous n'y verrons donc que la banale expression d'une résistance au changement bien hexagonale dont, sur un autre sujet de société, l'actualité nationale de ce mois d'avril nous offre malheureusement le triste exemple.

Mais revenons à la décision municipale. Avouons-le, nous sommes heureusement surpris et autant nous nous élevons contre ce qui nous semble injuste ou contraire à l'intérêt général, autant nous applaudissons toute politique allant, à nos yeux, dans le bon sens.

Cependant, un examen plus attentif du contexte vient malheureusement tempérer notre enthousiasme

L'argument économique

Loin de nous l'idée de critiquer une mesure d'économie. Réduire de 20 000 € la facture annuelle d'électricité, n'est neutre pour aucun budget municipal. Espérons simplement que, d'ici un an, la réalité de l'économie réalisée sera rendue publique, au nom de la transparence à laquelle nous avons droit.

Nous sommes par contre très gênés par les propos du maire, justifiant sa décision par une pression conjointe du PNR du Gâtinais français et du Conseil Général de l'Essonne, qui conditionnent l'octroi de subventions à la mise en place de cette mesure, notamment dans le cadre de l'Agenda 21 communal. Autrement dit : « J'éteins l'éclairage public la nuit et j'ai des sous ». Simple, non ?

Donc, nul souci écologique derrière tout cela mais un basique pragmatisme financier, très loin de la politique environnementale sincère que, dans notre naïveté, nous nous étions déjà imaginée.

Voilà qui, malheureusement, ne nous rappelle que trop la mise en place de l'Agenda 21 municipal, déclencheur de subventions dont plus personne n'a entendu parler depuis la réunion publique de décembre 2012. La seule tenue de cette réunion suffisait-elle pour obtenir la manne espérée ?

Après tout, pourquoi ne pas en profiter si les critères des généreux donateurs de fonds publics ne sont pas assez rigoureux, critères issus eux-mêmes d'un Grenelle de l'Environnement dont on réalise jour après jour le caractère superficiel et trompeur ? Aujourd'hui n'importe quelle collectivité locale se conformant à des normes environnementales ou sociales trop peu exigeantes peut non seulement prétendre à des subventions mais aussi s'autoproclamer exemplaire !
 
Et puisque l'on parle de gros sous, une question nous vient à l'esprit : quelle est depuis le 1er avril l'efficacité des caméras de surveillance entre minuit et 5h30 du matin ? Voilà une bonne question qui en entraîne une autre : quelle serait, dans ces conditions, l'utilité de nouvelles caméras, pourtant planifiées (voir notre article du 6 novembre 2012) et ne serait-il pas judicieux d'affecter ce budget de plusieurs dizaines de milliers d'euros à l'amélioration d'autres équipements plus utiles à la collectivité, tels que les trottoirs ou les aménagements cyclables par exemple ? Voilà un choix que nous saluerions pour sa cohérence !

Où est la pédagogie ?

La suppression de l'éclairage nocturne fait débat car elle provoque des craintes légitimes parmi les habitants. La première des choses à faire aurait été, à notre sens, de les préparer bien avant en leur apportant toutes les explications propres à les rassurer. Le sujet en valait vraiment la peine et l'occasion était belle de faire un peu de pédagogie en s'appuyant par exemple sur les conseils et l'expérience de l'ANPCEN.

En tout et pour tout, deux informations avaient été diffusées sur la question dans le bulletin municipal (voir des extraits du bulletin municipal d'octobre 2012 ici et ) mais rien n'indiquait qu'une décision allait être prise de façon aussi unilatérale. Pourquoi tant de précipitation ? Peut-être le respect d'une échéance pour obtenir la subvention tant convoitée ? Mais alors pourquoi autant d'autres collectivités locales ont-elles pris le temps de l'explication ? (voir encore ici et encore ). Chacun se fera son opinion.

Toujours est-il que le résultat est là : une polémique naissante essentiellement basée sur le pire argument qui soit (la peur) et un risque potentiel d'impopularité à l'encontre d'une mesure aux vertus écologiques indiscutables.

Notre incurable optimisme nous pousse toutefois à espérer que ces deux signaux incitent nos élus à prendre conscience de leur devoir d'information. 
Il n'est jamais trop tard pour bien faire.

Dessin : Gougou

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