Source : Blog de Jean-Marc BEN |
Les
tragiques événements du barrage de SIVENS ont donné à une
certaine catégorie de commentateurs l'occasion de poursuivre leur
croisade anti-écologiste.
Leur
stratégie a toujours été simple : créer une étiquette, bout
de papier bien collant et bien identifiable conçu pour adhérer
longtemps, et pour rester où ? A la surface des choses, bien
sûr, afin d'éviter de chercher plus loin, par exemple, dans le cas
qui nous occupe, en analysant les raisons d'un malaise profond qui
dépasse largement les frontières du Tarn. Un malaise grandissant
engendré par la folle course en avant de notre système productif.
A
leurs yeux, la remise en cause salutaire de notre mode de vie qui
doit logiquement en découler est inacceptable. C'est ainsi que
d'abord, nous avons eu droit aux qualificatifs de doux rêveurs (le
rêve comme l'imagination n'étant pas raisonnables) , irréalistes
(par opposition aux pragmatiques , évidemment beaucoup plus
fréquentables). Et puis, face à l'évidence de vérités de plus en
plus dérangeantes, le ton s'est durci avec l'emploi de formules
beaucoup plus pernicieuses : « khmers verts »
puis « ayatollahs verts » et récemment
« jihadistes verts ».
Chacun
aura deviné que ces expressions ne sont pas le fait du hasard. Elles
soufflent sans vergogne sur les braises toujours vivaces d'un
anticommunisme ou d'un anti-islamisme primaire, dans la continuité
d'une démarche malheureusement en vogue dans les milieux politique
et médiatique. Dresser les gens les uns contre les autres, trouver
des boucs-émissaires a toujours été le moyen utilisé en temps de
crise pour dévier l'attention et l'agressivité de la population.
Ce
procédé, vieux comme le monde et où la bêtise le dispute à
l'irresponsabilité a donc toujours cours et Xavier BEULIN président
de la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants
Agricoles), favorable au projet de barrage, n'a pas hésité à
l'utiliser. De nombreux médias ont répercuté son « jihadiste
vert », ce qui doit assurément le combler (voir par
exemple cet article du Figaro, malheureusement sans commentaires, ce
qui est bien dommage).
Nous
ne pouvons nous empêcher de remarquer une double coïncidence. Il y
a bien longtemps, un certain SIMON DE MONTFORT s'était déjà
illustré dans la région en exterminant les « hérétiques »
qui avaient l'outrecuidance de s'opposer à la religion officielle.
La croisade des Albigeois, ça vous dit quelque chose ? Et
« croisade » tout court aussi ? CQFD
Au
lieu de régler des comptes par des procédés de bas étage, ne
serait-il pas judicieux de répondre à la question suivante :
comment des élus du Tarn ont-ils pu voter quasi unanimement pour un projet de barrage
qu'un rapport d'experts critique sévèrement ? ( Voir l'article du Nouvel Observateur et le rapport)
Signalons
que ces mêmes élus, droits dans leurs bottes, ont suspendu le
chantier mais déclarent vouloir maintenir le projet (voir l'article du Parisien du 31 octobre)
Source : Tant qu'il y aura des bouilles |
Tout
ceci ne nous fera pas oublier la mort de Rémi FRAISSE dans des
conditions identiques à celles de Vital MICHALON en juillet 1977
(Voir l'article de Libération du 31 octobre) lors d'une
manifestation aux alentours de CREYS-MALVILLE où débutait la
construction du surgénérateur Superphénix (décidée sans aucun
débat). Il n'est pas anodin de souligner que ce réacteur fut arrêté
en 1997 après avoir fonctionné 18 mois pendant lesquels il consomma
plus d'électricité qu'il n'en produisit. Sa déconstruction devrait
se terminer en 2027.
Sans
commentaires.
Formulons
le vœu que nos décideurs en tirent les conclusions et pour ce
faire, nous leur suggérons d'une part la lecture de cet excellent
article de Stephen KERCKHOVE sur le site d'Agir pour l'Environnement
et d'autre part de placarder dans leur bureau cette citation de
l'archevêque brésilien DOM HELDER CAMARA
« Il y a
trois sortes de violence.
La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.
La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.
La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.
La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.
La troisième est
la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en
se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence,
celle qui engendre toutes les autres.
Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. »
Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. »
Pour
en savoir plus : l'historique des événements de SIVENS
Merci à tante Nicole pour la documentation
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