mardi 21 février 2017

Enquête publique sur la modification du périmètre « Forêt de protection » du massif de Fontainebleau : plus que deux semaines pour donner notre avis !


La route du bonheur ? Espérons-le !
Depuis l’ouverture de l’enquête publique, les discussions vont bon train et les réflexions suivent…

Après discussions avec différentes associations et organismes, nous avons la conviction que le dossier soumis à l’enquête publique est largement imparfait. Il y manque notamment toutes les contre-propositions formulées par les associations.

Par ailleurs, le public est invité à se prononcer sur des projets dont l’orientation est biaisée : on nous demande notre avis sur le « comment ? » alors qu’il faudrait d’abord s’interroger sur le « pourquoi ? ». La présentation telle qu’elle est faite suppose que le principe de chaque projet est acté alors qu’il n’en est rien. D’ailleurs, il est facile de se rendre compte que certains d’entre eux sont de véritables supercheries tant ils ont du mal à justifier de leur utilité (nous parlons bien sûr d’utilité publique).

Enfin, et c’est peut-être le plus insupportable, nous n’échappons pas à la couche de peinture verte (très pâle, le vert) désormais de rigueur. En espérant nous faire oublier un désastre écologique potentiel (un de plus), on nous fait miroiter ici une piste cyclable, là un accès piéton, ou là encore une cabane dans les arbres (le dernier gadget à la mode).

Eh bien non, ce n’est ni notre conception de la démocratie ni notre façon de préparer l’avenir de nos enfants.
D’où (ci-dessous) nos conclusions à ce jour.
Elles sont sans ambiguïté :
1) Il faut refuser l’ensemble des projets en bloc
2) Il est primordial et urgent de réunir l’ensemble des parties prenantes afin de reprendre chaque projet et d’effectuer un vrai travail collectif strictement orienté vers l’intérêt général

Voici le texte que nous avons déposé :

« 12 projets nous sont proposés. Ils écornent, chacun à sa façon, un territoire protégé : ici un carrefour routier, là un camping ou encore un centre de loisirs.
Question : pourquoi créer un statut de « forêt de protection » s’il doit souffrir de telles exceptions ?
Rappelons que la loi « Biodiversité » (8 août 2016) introduit dans les principes généraux du droit de l’environnement le principe de non-régression selon lequel « la protection de l’environnement, assurée par les dispositions législatives et réglementaires relatives à l’environnement, ne peut faire l’objet que d’une amélioration constante, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment »

En outre, la notice explicative de l’enquête publique nous apprend qu’il s’agit de la cinquième enquête complémentaire.
La procédure de classement a été initiée en deux temps (1998 et 1999) puis elle a fait l’objet de 4 enquêtes complémentaires en 2000, 2001, 2003 et 2006. Chacune d’entre elles s’est conclue par une réduction du périmètre protégé pour le profit quasi-exclusif d’aménagements routiers (carrefours, ronds-points, déviations)
Alors, pourquoi pas une sixième, puis une septième modification et ainsi de suite. Jusqu’à quand ? Jusqu’à la disparition complète de la forêt ?

On nous promet des compensations. Entendons par là qu’un ha de forêt sacrifiée sera remplacé par un ha de forêt replantée.
Oui, mais où ? avec quelles essences ? et, sauf phénomène de génération spontanée inconnu à ce jour, au bout de combien de temps retrouvera-t-on le niveau antérieur ? Et quid des contrôles effectués : par qui ? à quelles fréquences ? et que se passerait-il en cas de retard ou de non-application ?
D’autre part, aucune mention n’est faite des espaces non boisés pourtant d’une importance équivalente. Peut-on accepter qu’un sol sans arbres soit considéré comme quantité négligeable alors qu’il constitue lui aussi un trésor de biodiversité fait d’équilibre et d’interdépendance entre les espèces ? Un trésor fragile que quelques passages de bulldozer anéantiraient à jamais et sans compensation possible compte-tenu du temps nécessaire pour le reconstituer

Enfin, il nous est clairement expliqué que les élus locaux souhaitent une nouvelle modification du périmètre afin de pouvoir mettre en œuvre certains projets motivés « par des soucis de sécurité, d’intérêt général ou de développement durable et qui apparaissent tout à fait en adéquation avec d’autres politiques publiques majeures portées par l’État et que les Collectivités Locales ont en charge de décliner» . Sans remettre en cause ces objectifs, du moins pour une partie des projets, il est regrettable de constater que :
  • Les propositions alternatives faites antérieurement, notamment par les associations, ne sont même pas évoquées. Ont-elles au moins été étudiées ?
  • En quoi ces projets servent-ils l’intérêt général sur le long terme ?
 
Notre avis est qu’il serait grand temps de réfléchir en profondeur et collectivement à de vraies propositions, avec le souci de travailler vraiment pour les générations futures.
Pour cela, une seule solution : engager un vrai travail de concertation entre l’ensemble des parties prenantes : collectivités locales, organismes publics ou semi-publics, administrations, associations, citoyens ...
Encore faudrait-il opérer une remise en cause profonde et élargir le cadre de la réflexion bien au-delà des schémas habituels et faire confiance aux citoyens, associatifs ou non. Ils ont le même souci « de sécurité, d’intérêt général ou de développement durable ». Ils ont aussi des idées, pas forcément fumeuses ou irréalisables mais plutôt constructives et généreuses.

Dans l’attente de ces travaux, indispensables à nos yeux, nous nous opposons donc à l’ensemble des projets proposés »

RAPPELS 

L’enquête publique est ouverte du 6 février au 7 mars inclus
  • Les documents sont consultables dans les mairies de Fontainebleau, Larchant et Milly-la-Forêt aux jours et heures d’ouverture habituels
  • Sur le site internet de la préfecture de Seine & Marne : ici
Si vous n’arrivez pas à ouvrir les documents, voici
  • La notice explicative
  • L’ensemble des fiches projets re-là

1 commentaire:

  1. Bonjour Bernard,

    Une fois n'est pas coutume, sur ce dossier, nous ne sommes d'accord avec vous.

    Les AFF, le Cosiroc et la Tribune Libre de Bleau et Cie suivent ce dossier de longue date et participent régulièrement aux réunions de travail avec l'ONF. Nous pensons tous qu'il ne faut pas refuser en bloc ces modifications de périmètre certaines étant primordiales.

    Ceci va sans doute surprendre et donc nécessite quelques explications.

    Le périmètre de la forêt de protection a été décidé dans l'urgence et comporte des erreurs notables. C'est de tous les statuts visant à protéger Fontainebleau le seul qui soit efficace et contraignant !!! Pour changer un bout du périmètre, il faut passer par le Conseil d'Etat, procédure qui peut prendre plus de 4 an.
    Par ailleurs, les compensations se font sur la base de 1/100. Autrement dit, chaque fois que l'on cède 1 ha de forêt domaniale de Fontainebleau, on accroît la forêt de 99 ha supplémentaires. Ce fut le cas notamment pour les travaux de l'INSEAD ou du Cimetière. C'est notamment ce type d'échange qui ont permit d'agrandir les domaniale de la Commanderie et Nemours. Une fois passé en domaniale, ces nouveaux espaces forestiers font l'objet d'un plan d'aménagement forestier et si les bois ne sont pas de qualité, il est alors temps de faire le nécessaire.

    Certains de ces projets concernent la sécurité de tous. C'est le cas notamment de l'aménagement du carrefour de la Table du Roi très accidentogène. Toute personne qui a perdu un proche sur les routes traversant le massif forestier ne pourrait comprendre que l'on ne sécurise pas les lieux pour sauver un ou deux arbres d'une valeur parfois toute relative.

    Nous sommes comme vous des défenseurs de la nature mais, rappelons le, nous ne souhaitons pas une mise sous cloche de celle-ci.

    Très naturellement

    Grégoire Clouzeau
    Rédacteur en chef et Fondateur de la Tribune Libre de Bleau www.tl2b.com

    RépondreSupprimer