La municipalité de Milly-la-Forêt a eu la bonne idée d'organiser une réunion entre les élus du groupe de travail PLU et les associations « environnementales » afin « d'échanger sur les orientations du document ».
A
défaut de répondre de façon satisfaisante à
nos questions, cette matinée nous a néanmoins fourni
quelques éclairages intéressants.
Autour
de la table se trouvaient cinq élus, la responsable de
l'urbanisme municipal et les représentants de deux
associations présumées environnementales dont la nôtre,
une troisième, invitée, n'étant pas présente.
Associations
environnementales : méfions-nous des imitations !
Le
premier éclairage porte sur la définition d'une
association dite « environnementale »
Il
est généralement reconnu qu'une association
environnementale inscrit ses actions dans le cadre de la défense
de l'intérêt général et donc de la
préservation de biens communs que sont notamment l'air, l'eau,
le sol et la biodiversité en général.
Cela
passe par des relations étroites avec les institutions
locales, en relais avec les habitants : lancer des alertes, exprimer
des avis, formuler des propositions, demander des explications mais
aussi des comptes sur des décisions prises ou à
prendre. Naturellement, cela implique une confiance réciproque
compte-tenu que certaines vérités ne sont parfois pas
faciles à entendre, mais il faut bien que quelqu'un les dise.
Certains
appellent cela « faire de la politique autrement »
formule à laquelle nous adhérons totalement. (Pour approfondir, faites un tour par ici)
Force
est de constater que cette vision des choses n'est nullement partagée
ni par les absents de Milly Renouvellement Urbain, ni par Milly
Gâtinais Environnement.
Les
premiers défendent clairement des intérêts
privés, prenant comme alibi l'objectif de densification
urbaine de la loi SRU, ce qui ne trompe personne.
Quant
aux seconds, nous connaissons malheureusement trop bien leur
pusillanimité (Pas de vagues !) et leur conception réductrice
de la défense de l'environnement (Ah, l'entretien des bacs à
fleurs !)
Cette
mise au point prend tout son intérêt dans le sujet qui
nous occupe, celui du PLU. En effet, si l'on ne peut contester
l'intérêt de préserver l'esthétique qui
fait le charme de notre ville, faut-il rappeler qu'une approche
globale, centrée sur l'intérêt collectif nous
paraît être tout de même la plus appropriée
et ce d'autant que la municipalité
vient de lancer récemment un agenda 21 ?
Une
déconcertante absence de concertation
Dans
ce contexte, un élément fondamental semble avoir été
oublié par tous : la concertation.
Nous
avons questionné les élus sur ce sujet.
Pourquoi avoir uniquement invité les associations présumées
« environnementales » ? Cela signifie-t-il que
les 70 autres associations milliacoises ne sont pas concernées
? Cela signifie-t-il également que l'ensemble des habitants
membres ou non d'une association n'ont aucune remarque à
faire, aucune idée à émettre ?
Nous
avons également fait remarquer que la communication municipale
sur le PLU, se cantonnait au minimum légal : registre de
remarques, réunions publiques et plus tard enquête
publique. Alors que dans de nombreuses autres communes, les élus
créent un véritable débat public contribuant à
l'émergence de projets collectifs, les milliacois doivent se
contenter d'une communication a minima banalisant le PLU en le traitant comme un simple péripétie
de la vie locale, que ce soit dans le bulletin municipal ou sur le
site internet.
L'habitat,
les équipements publics, les transports, le devenir du
cente-ville ou des terres agricoles sont-ils des sujets tabous ou
réservés à des « experts »
? C'est une évidence de dire qu'ils intéressent
l'ensemble de la population. Or, aucun avis n'a été
sollicité sous quelque forme que ce soit. Pourquoi ?
La
réponse qui nous a été faite a de quoi laisser
pantois : le groupe de travail PLU, nous dit-on, a volontairement été
réduit pour des raisons d'efficacité. Il faut aller
vite, et un nombre trop important de participants freinerait ce bel
élan. Et pour enfoncer le clou on rajoute que les propositions
faites par les habitants eux-mêmes sont trop souvent jugées
irréalisables par ces providentiels garde-fous que sont les
« experts »(1). Donc, invitons plutôt ces
derniers et on gagnera du temps. CQFD.
Quelle
curieuse façon de concevoir la démocratie ! Ainsi,
seuls les élus et les « experts »
auraient la compétence pour tout à la fois
diagnostiquer, analyser et proposer, et ce, sur l'ensemble des
domaines de la vie locale. Dormez, braves gens, des surhommes
veillent sur vous et sur votre avenir !
Dernière
remarque : il s'est trouvé un élu, dont nous tairons le
nom par charité chrétienne, pour s'emporter contre le
manque de participation aux réunions publiques. Autrement dit
: « C'est pas moi, c'est l'autre ». Bienvenue en médiocratie !
Nous
ne saurions donc trop conseiller à nos interlocuteurs de se
cotiser pour acquérir auprès de notre libraire préféré
(voir en rubrique Lectures) le Guide de la concertation locale (Territorial Editions) et
comme nous ne sommes pas rancuniers, nous leur offrons même les quatre pages d'introduction dont voici en extrait :
« La
concertation consiste à organiser un dialogue entre ceux qui
exercent le pouvoir parce qu'ils ont été élus
pour cela et ceux qui ont désigné les premiers. Ce
dialogue apparaît de plus en plus nécessaire pour
prendre en compte les évolutions de la société
et plus généralement pour adapter les conditions dans
lesquelles le « vivre ensemble » peut être
défini. La concertation a pour objectif d'améliorer la
performance des décisions qui sont prises par les élus »
Et
maintenant ?
Les
membres du groupe de travail ont poliment répondu aux
questions dont certaines restaient malheureusement à la
surface des choses (plan de zonage et règles d'urbanisme).
Quant aux problématiques de fond, nous sommes largement restés
sur notre faim notamment sur le sujet de la concertation (voir plus
haut) et la question cruciale des déplacements où il
semble que la seule stratégie qui prévale soit toujours
celle du coup par coup.
Et
quid de l'Agenda 21 dont le lancement nous avait été
annoncé en son temps (voir article du 22 avril 2012) et dont le processus est fondamentalement lié à celui du PLU ? Eh bien, le sujet a
été prudemment éludé, ce qui nous
conforte dans l'idée que nous trouvons face à un
détournement voire, osons le mot, une mystification.
Nous
aurons bientôt l'occasion d'y revenir car il nous faut
maintenant surpasser notre frustration.
Cette
réunion aura au moins eu l'avantage (mais est-ce bien un
avantage ?) de montrer que notre association est pour l'instant la
seule à manifester la volonté de dépasser les
discours convenus et d'aiguillonner les décideurs quitte à
les déranger. Intégrer le citoyen dans le processus de
décision nous paraît légitime et cela constitue
pour nous un objectif majeur.
(1)
Cet argument, malheureusement souvent utilisé, nous remémore
invariablement cette citation (attribuée à Marcel
Pagnol) : « Tout le monde savait que c'était
impossible. Il est arrivé un imbécile qui ne le savait
pas et qui l'a fait ».
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