samedi 7 juillet 2012

PLU de Milly-la-Forêt : les masques tombent


La municipalité de Milly-la-Forêt a eu la bonne idée d'organiser une réunion entre les élus du groupe de travail PLU et les associations « environnementales » afin « d'échanger sur les orientations du document ».
A défaut de répondre de façon satisfaisante à nos questions, cette matinée nous a néanmoins fourni quelques éclairages intéressants.

Autour de la table se trouvaient cinq élus, la responsable de l'urbanisme municipal et les représentants de deux associations présumées environnementales dont la nôtre, une troisième, invitée, n'étant pas présente.

Associations environnementales : méfions-nous des imitations !

Le premier éclairage porte sur la définition d'une association dite « environnementale »
Il est généralement reconnu qu'une association environnementale inscrit ses actions dans le cadre de la défense de l'intérêt général et donc de la préservation de biens communs que sont notamment l'air, l'eau, le sol et la biodiversité en général.
Cela passe par des relations étroites avec les institutions locales, en relais avec les habitants : lancer des alertes, exprimer des avis, formuler des propositions, demander des explications mais aussi des comptes sur des décisions prises ou à prendre. Naturellement, cela implique une confiance réciproque compte-tenu que certaines vérités ne sont parfois pas faciles à entendre, mais il faut bien que quelqu'un les dise.
Certains appellent cela « faire de la politique autrement » formule à laquelle nous adhérons totalement. (Pour approfondir, faites un tour par ici)
Force est de constater que cette vision des choses n'est nullement partagée ni par les absents de Milly Renouvellement Urbain, ni par Milly Gâtinais Environnement.
Les premiers défendent clairement des intérêts privés, prenant comme alibi l'objectif de densification urbaine de la loi SRU, ce qui ne trompe personne.
Quant aux seconds, nous connaissons malheureusement trop bien leur pusillanimité (Pas de vagues !) et leur conception réductrice de la défense de l'environnement (Ah, l'entretien des bacs à fleurs !)
Cette mise au point prend tout son intérêt dans le sujet qui nous occupe, celui du PLU. En effet, si l'on ne peut contester l'intérêt de préserver l'esthétique qui fait le charme de notre ville, faut-il rappeler qu'une approche globale, centrée sur l'intérêt collectif nous paraît être tout de même la plus appropriée et ce d'autant que la municipalité vient de lancer récemment un agenda 21 ?

Une déconcertante absence de concertation

Dans ce contexte, un élément fondamental semble avoir été oublié par tous : la concertation.
Nous avons questionné les élus sur ce sujet.
Pourquoi avoir uniquement invité les associations présumées « environnementales » ? Cela signifie-t-il que les 70 autres associations milliacoises ne sont pas concernées ? Cela signifie-t-il également que l'ensemble des habitants membres ou non d'une association n'ont aucune remarque à faire, aucune idée à émettre ?
Nous avons également fait remarquer que la communication municipale sur le PLU, se cantonnait au minimum légal : registre de remarques, réunions publiques et plus tard enquête publique. Alors que dans de nombreuses autres communes, les élus créent un véritable débat public contribuant à l'émergence de projets collectifs, les milliacois doivent se contenter d'une communication a minima banalisant le PLU en le traitant comme un simple péripétie de la vie locale, que ce soit dans le bulletin municipal ou sur le site internet.
L'habitat, les équipements publics, les transports, le devenir du cente-ville ou des terres agricoles sont-ils des sujets tabous ou réservés à des « experts » ? C'est une évidence de dire qu'ils intéressent l'ensemble de la population. Or, aucun avis n'a été sollicité sous quelque forme que ce soit. Pourquoi ?
La réponse qui nous a été faite a de quoi laisser pantois : le groupe de travail PLU, nous dit-on, a volontairement été réduit pour des raisons d'efficacité. Il faut aller vite, et un nombre trop important de participants freinerait ce bel élan. Et pour enfoncer le clou on rajoute que les propositions faites par les habitants eux-mêmes sont trop souvent jugées irréalisables par ces providentiels garde-fous que sont les « experts »(1). Donc, invitons plutôt ces derniers et on gagnera du temps. CQFD.
Quelle curieuse façon de concevoir la démocratie ! Ainsi, seuls les élus et les « experts » auraient la compétence pour tout à la fois diagnostiquer, analyser et proposer, et ce, sur l'ensemble des domaines de la vie locale. Dormez, braves gens, des surhommes veillent sur vous et sur votre avenir !
Dernière remarque : il s'est trouvé un élu, dont nous tairons le nom par charité chrétienne, pour s'emporter contre le manque de participation aux réunions publiques. Autrement dit : « C'est pas moi, c'est l'autre ». Bienvenue en médiocratie !
Nous ne saurions donc trop conseiller à nos interlocuteurs de se cotiser pour acquérir auprès de notre libraire préféré (voir en rubrique Lectures) le Guide de la concertation locale (Territorial Editions) et comme nous ne sommes pas rancuniers, nous leur offrons même les quatre pages d'introduction dont voici en extrait :
« La concertation consiste à organiser un dialogue entre ceux qui exercent le pouvoir parce qu'ils ont été élus pour cela et ceux qui ont désigné les premiers. Ce dialogue apparaît de plus en plus nécessaire pour prendre en compte les évolutions de la société et plus généralement pour adapter les conditions dans lesquelles le « vivre ensemble » peut être défini. La concertation a pour objectif d'améliorer la performance des décisions qui sont prises par les élus »

Et maintenant ?

Les membres du groupe de travail ont poliment répondu aux questions dont certaines restaient malheureusement à la surface des choses (plan de zonage et règles d'urbanisme). Quant aux problématiques de fond, nous sommes largement restés sur notre faim notamment sur le sujet de la concertation (voir plus haut) et la question cruciale des déplacements où il semble que la seule stratégie qui prévale soit toujours celle du coup par coup.
Et quid de l'Agenda 21 dont le lancement nous avait été annoncé en son temps (voir article du 22 avril 2012) et dont le processus est fondamentalement lié à celui du PLU ? Eh bien, le sujet a été prudemment éludé, ce qui nous conforte dans l'idée que nous trouvons face à un détournement voire, osons le mot, une mystification.
Nous aurons bientôt l'occasion d'y revenir car il nous faut maintenant surpasser notre frustration.
Cette réunion aura au moins eu l'avantage (mais est-ce bien un avantage ?) de montrer que notre association est pour l'instant la seule à manifester la volonté de dépasser les discours convenus et d'aiguillonner les décideurs quitte à les déranger. Intégrer le citoyen dans le processus de décision nous paraît légitime et cela constitue pour nous un objectif majeur.

(1) Cet argument, malheureusement souvent utilisé, nous remémore invariablement cette citation (attribuée à Marcel Pagnol) : « Tout le monde savait que c'était impossible. Il est arrivé un imbécile qui ne le savait pas et qui l'a fait ».



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