Pauline
MÉTAIS est une milliacoise attentive la vie de son pays, à son
environnement, à la façon d'exercer sa citoyenneté. Elle a pris pour habitude de mettre par écrit son ressenti sous forme d'une lettre
au président.
La
dernière en date, datée du 15 mai est directement liée à
l'actualité que l'on sait.
Le
15 mai 2016
Objet
: "Si voter changeait quelque chose, il y a longtemps que ce
serait interdit." Coluche
Monsieur
le Président,
Je
m'appelle Pauline, j'ai 27 ans. Citoyenne française parmi tant
d'autres, et plus largement citoyenne du monde, je me permets de vous
écrire une nouvelle fois. Mais cette fois, je n'attends plus de
réponse de votre part; ni de votre cabinet. En effet, j'ai trop
longtemps cru naïvement, que vous autres, politiciens, œuvrez
chaque jour en faveur du mieux pour le peuple. Et la mise en scène
est totale: jolis costards, jolies phrases, jolies promesses. Mais à
ce jour, ma déception, qui est à la hauteur de ma désillusion est
telle que ce courrier n'est plus un appel, mais comme il est gratuit
et a le mérite de me soulager, alors je ne vais pas m'en priver.
Ce
jour, votre gouvernement a eu recours à l'article 49.3 de la
Constitution pour adopter,de force, la "loi travail",
et peu importe si le peuple français est dans la rue.
Ainsi,
ce jour, j'ai décidé que je ne voterai plus. Ni pour vous. Ni pour
vos anciens camarades de classe de la dite opposition. Et ce n'est
pas par manque de civisme, de négligence, ni de désintérêt. J'ai
décidé que je ne serai plus un pion dans votre jeu politique, qui
n'a pour seul but que de servir les intérêts financiers de votre
classe et d'assouvir votre soif de pouvoir. Alors, puisqu'il serait
indécent de me renvoyer à mes devoirs de citoyen, et
que j'en ai encore le droit, je ne vous offrirai plus ma
voix.
L'école
m'a menti. Elle m'a fait croire que nous avions la chance de vivre
dans une démocratie, acquise non sans mal au cours de l'histoire,
tandis que d'autres pays souffrent de diverses dictatures. Elle m'a
fait croire que voter avait son importance, qu'une voix valait une
voix, et que s'abstenir était une faute. Il ne s'agit finalement que
d'une démocratie représentative qui ne représente en aucun cas le
peuple. Vous sortez tous des mêmes grandes écoles où vous apprenez
à manier les mots de sorte à séduire le peuple afin de mieux
l'utiliser. La classe politique que vous incarnez ne ressemble pas au
peuple, ni même de loin.Vous êtes des professionnels, n'ayant sans
doute jamais connu la précarité, le SMIC, la banlieue ni le
chômage, avec des salaires indécemment supérieurs au salaire moyen
des français; vous cumulez de façon insolente des mandats comme
pour élargir votre pouvoir décisionnaire, et ironie de la chose,
vous nous faites croire que vous agissez pour notre bien, comme les
forces de l'ordre face aux manifestants pour notre sécurité.
Ce
jour, vous avez fait quelque chose de grave. J'ai le sentiment très
amer d'avoir été trahie. Vous avez étouffé ma voix et celle de
milliers de citoyens français dans la rue. Je ne croirai plus en
votre république désormais. En revanche, je continue de rêver à
une vraie démocratie où les lois seraient décidées PAR le peuple
(des volontaires tirés au sort par exemple) et POUR le peuple. Je
sais que cela serait possible, ne nous faites plus croire le
contraire : Vous ne savez pas plus que nous autres.
Sur
ce, je ne vous souhaite pas spécialement une belle journée,
Monsieur le Président.
Pauline
MÉTAIS
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