dimanche 18 août 2013

« Zéro phyto » à Milly-la-Forêt Oui, mais quand et comment ?

Grande nouvelle : en réponse à une demande que nous avions formulée auprès d'elle, la mairie de Milly-la-Forêt nous indique qu'elle a pour « objectif à court terme de ne plus appliquer d'herbicides ». Voilà qui réjouira les milliacois impatients d'évoluer dans un environnement enfin libéré de ce fléau sanitaire (mais il en restera malheureusement plein d'autres !).
 

Enfin, libéré, pas encore. N'oublions pas en effet que le Round Up et ses cousins inondent les étagères des grandes surfaces spécialisées ou non (à l'exception des magasins BOTANIC, grâces leur soient rendues ). Or ces produits, personne ne l'ignore, contiennent des substances actives dangereuses nécessitant un emploi extrêmement précautionneux.

Une de ces substances actives, le glyphosate (dose : 360g/l) est considérée comme « pouvant entraîner des effets néfastes à long terme pour l'environnement aquatique » (voir la fiche officielle sur le site du ministère de l'agriculture) impliquant de strictes précautions d'usage telles que la distance minimum à respecter par rapport à un point d'eau, le port de gants appropriés et d'un vêtement imperméable et le maintien à distance de toute personne ou animal pendant un certain délai.

A votre avis, combien de jardiniers amateurs prennent ces précautions ? Nous ne parlons pas bien sûr de ceux qui utilisent binette et huile de coude et qui sont dispensés de toute action préventive, sauf peut-être un petit échauffement avant l'effort.

Voilà bien le paradoxe : à l'heure où de nombreuses collectivités locales prennent conscience de la dangerosité des désherbants chimiques et mettent en place des techniques alternatives, chacun peut en toute légalité poursuivre dans son jardin le lent empoisonnement du sol et donc de l'eau, cette dernière étant, faut-il le rappeler, un bien commun au même titre que l'air que nous respirons. Et qu'il ne soit pas question d'argumenter sur le thème « respectons les libertés individuelles » : chacun est maître chez soi à condition que cela n'affecte en rien autrui, de quelque façon que ce soit.

Source : Le Télégramme
C'est la raison pour laquelle nous attendons d'en savoir plus sur la façon dont nos élus vont gérer ce passage au « zéro phyto » qui est loin de constituer une formalité, tous ceux qui l'ont pratiqué en témoignent.

La problématique n'est en effet pas seulement technique. Elle est également sociale et sociétale.
Sociale car cela implique de profonds changements de pratique professionnelle de la part des agents municipaux qui doivent donc y être préparés puis formés. Sociétale car le mode de gestion des espaces verts s'en trouve bouleversé (pratique de la gestion différenciée priorisant certaines zones, modifiant le « paysage » de certains quartiers), d'où l'obligation d'informer préalablement les habitants afin qu'ils comprennent la démarche.
Sociétale aussi en mettant à profit ce changement pour faire évoluer les comportements des utilisateurs individuels d'herbicides : difficile et long, mais nécessaire.

Sensibilisation, information, explication, pédagogie sont donc les maîtres-mots de ce qui constitue une véritable politique et non une simple péripétie. Voir l'exemple de Boigny sur Bionne, petite commune du Loiret (2200 habitants) : exemplaire !

Voilà pourquoi, nous suivrons cette affaire de près, c'est le sens de la réponse que nous avons adressée au maire.

Pour terminer, rappelons que cette question concerne plus largement notre agriculture qui a le triste privilège de figurer parmi les plus gros consommateurs mondiaux de pesticides.
C'est l'occasion de rappeler l'enquête récemment publiée par Générations Futures sur l'octroi des autorisations de mise sur le marché, totalement verrouillée par le Ministère de l'Agriculture ignorant superbement les recommandations de l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation de l'environnement et du travail) et autorisant sciemment la commercialisation de produits dangereux.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire