Grande
nouvelle : en réponse à une demande que nous avions formulée
auprès d'elle, la mairie de Milly-la-Forêt nous indique qu'elle a
pour « objectif à court terme de ne plus
appliquer d'herbicides ». Voilà
qui réjouira les
milliacois impatients
d'évoluer dans un
environnement enfin libéré de ce fléau sanitaire (mais
il en
restera
malheureusement plein d'autres !).
Enfin,
libéré, pas encore. N'oublions pas en effet que le Round Up et ses
cousins inondent les étagères des grandes surfaces spécialisées
ou non (à l'exception des magasins BOTANIC, grâces leur soient
rendues ). Or ces produits, personne ne l'ignore, contiennent des
substances actives dangereuses nécessitant un emploi extrêmement
précautionneux.
Une
de ces substances actives, le glyphosate (dose : 360g/l) est
considérée comme « pouvant entraîner
des effets néfastes à long terme pour l'environnement aquatique »
(voir la fiche officielle sur le site du ministère de l'agriculture)
impliquant
de strictes précautions d'usage telles que la distance minimum à
respecter par rapport à un point d'eau, le port de gants appropriés
et d'un vêtement imperméable et le maintien à distance de toute
personne ou animal pendant un certain délai.
A
votre avis, combien de jardiniers amateurs prennent ces précautions ?
Nous ne parlons pas bien sûr de ceux qui utilisent binette et huile
de coude et qui sont dispensés de toute action préventive, sauf
peut-être un petit échauffement avant l'effort.
Voilà
bien le paradoxe : à l'heure où de nombreuses collectivités
locales prennent conscience de la dangerosité des désherbants
chimiques et mettent en place des techniques alternatives, chacun
peut en toute légalité poursuivre dans son jardin le lent
empoisonnement du sol et donc de l'eau, cette dernière étant,
faut-il le rappeler, un bien commun au même titre que l'air que nous
respirons. Et qu'il ne soit pas question d'argumenter sur le thème
« respectons les libertés individuelles » : chacun
est maître chez soi à condition que cela n'affecte en rien autrui,
de quelque façon que ce soit.
Source : Le Télégramme |
C'est
la raison pour laquelle nous attendons d'en savoir plus sur la façon
dont nos élus vont gérer ce passage au « zéro phyto »
qui est loin de constituer une formalité, tous ceux qui l'ont
pratiqué en témoignent.
La
problématique n'est en effet pas seulement technique. Elle est
également sociale et sociétale.
Sociale
car cela implique de profonds changements de pratique professionnelle
de la part des agents municipaux qui doivent donc y être préparés
puis formés. Sociétale car le mode de gestion des espaces verts
s'en trouve bouleversé (pratique de la gestion différenciée
priorisant certaines zones, modifiant le « paysage » de
certains quartiers), d'où l'obligation d'informer préalablement les
habitants afin qu'ils comprennent la démarche.
Sociétale
aussi en mettant à profit ce changement pour faire évoluer les
comportements des utilisateurs individuels d'herbicides :
difficile et long, mais nécessaire.
Sensibilisation,
information, explication, pédagogie sont
donc les maîtres-mots de ce qui constitue une
véritable politique et non une simple péripétie. Voir l'exemple de Boigny sur Bionne, petite commune du Loiret (2200 habitants) : exemplaire !
Voilà
pourquoi, nous suivrons cette affaire de près, c'est le sens de la réponse que nous avons adressée au maire.
Pour
terminer, rappelons que cette question concerne plus largement notre
agriculture qui a le triste privilège de figurer parmi les plus gros
consommateurs mondiaux de pesticides.
C'est
l'occasion de rappeler l'enquête récemment publiée par Générations Futures sur l'octroi des autorisations de mise sur le marché,
totalement verrouillée par le Ministère de l'Agriculture ignorant
superbement les recommandations de l'ANSES (Agence nationale de
sécurité sanitaire de l'alimentation de l'environnement et du
travail) et autorisant sciemment la commercialisation de produits
dangereux.
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