lundi 9 septembre 2013

Gasland 2 : le plein d'espoir

Source : Collectif fertois       http://colfertois.canalblog.com/

250 personnes, majoritairement briardes, remplissaient le théâtre de la Ferté sous Jouarre jeudi dernier 5 septembre pour assister à la soirée de présentation de Gasland 2 par Josh FOX lui-même (avant Villeneuve-de-Berg et Montpellier les jours suivants)
La région est en effet considérée comme stratégique pour l'extraction du pétrole de schiste en France, d'où l'importance de soutenir la mobilisation locale : que les pétroliers réussissent à y établir une tête de pont et c'est toute la France qui s'ouvre à eux.

En 2010/2011, Gasland 1 avait été un puissant levier de communication pour les collectifs anti-gaz et pétrole de schiste qui s'étaient spontanément créés suite à l'octroi des permis, résultat de l'incurie de nos gouvernants. Le film avait eu pour effet de booster la mobilisation citoyenne, provoquant le vote de la loi de juillet 2011 et l'interdiction de la fracturation hydraulique (mais ne fermant malheureusement la porte ni à l'exploration ni à l'exploitation des hydrocarbures non-conventionnels).

La sortie de Gasland 2 survient opportunément à un moment où, en France, les pétroliers intensifient leur pression, cherchant par tous les moyens à démontrer les « bienfaits » pour la collectivité de l'exploitation des hydrocarbures de schiste. Parallèlement, une bataille juridique est en cours puisqu'une QPC (Question Prioritaire de Constitutionnalité) remettant en cause la loi, est étudiée par le Conseil Constitutionnel (*).

C'est dire si la référence à « L'empire contre-attaque » utilisée au début du film se justifie amplement car, de l'autre côté de l'Atlantique les charges à répétition de l'industrie pétrolière, menées à coups de millions de dollars visent par tous les moyens à dénigrer les opposants et à les réduire au silence.
D'où les prises de position des politiques, Obama en tête, chantant les louanges du gaz de schiste en reprenant des arguments déjà entendus cent fois de la bouche des pétroliers.
D'où la censure exercée à l'encontre de l'EPA (Environmental Protection Agency) dont la publication des rapports sur les effets de la fracturation hydraulique est sans cesse repoussée et dont la présidente démissionna en janvier 2013.
D'où cet incroyable épisode de février 2012 où Josh FOX fut expulsé menottes aux poignets d'une séance de commission de la Chambre des représentants où allait être examinée un rapport de la même EPA.
Dénis, manipulations, menaces, corruption, la liste des pratiques inavouables n'est pas limitative …

Qu'y a-t-il donc à cacher de plus que nous ne saurions déjà ? En fait, rien si ce n'est un léger détail : l'ampleur du phénomène qui devient planétaire et dont la multiplicité des effets nous précipite chaque jour un peu plus vers des lendemains dont nous ne voulons pas.

Réserves mondiales d'hydrocarbures de schiste 2012

Nul de sensé ne peut plus ignorer les risques sismiques, la pollution de l'eau, les conséquences sanitaires majeures, l'impact significatif sur les émissions de gaz à effet de serre et donc sur le changement climatique.
De tout cela, les industriels du pétrole n'ont cure et poursuivent leur œuvre avec la complicité des politiques (écrire « décideurs » serait, en l'occurrence totalement impropre) étendant leur emprise à la planète entière (les grandes manœuvres déclenchées en France en constituent un exemple frappant).

Josh FOX filme avec pudeur et affection les habitants de Dimock (Pennsylvanie) ou Pavillion (Wyoming), obligés de quitter pour toujours leur village devenu invivable et leur maison, invendable.
Est-ce le sort qui attend les habitants de Los Angeles où des forages ont débuté en pleine zone sismique ?
Est-ce le sort qui attend ailleurs dans le monde polonais, sud-africains, australiens, ukrainiens, anglais, lituaniens, ou français ?
Est-ce le sort de toutes celles et ceux dont les gouvernants sont tentés de choisir la facilité des « énergies extrêmes » plutôt que de suivre la voie courageuse et imaginative des énergies renouvelables ?

Face à l'empire qui contre-attaque, un seul recours : la mobilisation citoyenne. N'oublions pas que c'est elle qui, en France, a conduit à faire voter la loi de juillet 2011 ou qui récemment a fait reculer les pétroliers à Balcombe en Angleterre. C'est le sens du message de Gasland 2, tel que nous l'avons compris : la démocratie (au sens premier de « souveraineté du peuple ») est l'arme maîtresse grâce à laquelle le pot de terre peut faire douter le pot de fer.

Parlons à notre voisin, échangeons nos informations, soutenons-nous mutuellement sur nos territoires respectifs, renvoyons-nous des échos positifs et encourageants à travers le monde. La solidarité et le souci de l'intérêt collectif alliés au nombre constituent des atouts sûrs contre lesquels les intérêts financiers sont impuissants.

Car, heureusement, cette mobilisation, elle aussi, est planétaire. Les mouvements de résistance locaux, régionaux, nationaux et internationaux sont désormais interconnectés et l'implication de leurs acteurs trouve sa source dans une même volonté de changement et de construction d'un mode de vie indépendant des énergies fossiles.

Voilà pourquoi il faut aller voir Gasland 2 (**)

Pour faire le plein d'espoir et garder en tête un petit air de banjo pour les jours sombres.



(*) Nature Environnement 77 – 12 juillet 2013

Loi Jacob : transmission de la QPC de Schuepbach Energy au Conseil Constitutionnel

Le Conseil d'Etat a suivi l'avis du rapporteur public rendu le 26 juin dernier et a décidé ce 12 juillet 2013 de transmettre au Conseil Constitutionnel la question prioritaire de constitutionnalité déposée par Schuepbach en janvier 2013 dans le cadre de son recours contre l'annulation, en 2011, de ses deux permis exclusifs de recherche d'hydrocarbures (Nant et Villeneuve-de-Berg), cette société américaine ayant confirmé vouloir utiliser la fracturation hydraulique.

 Cette QPC concerne l'article 1 de la loi qui interdit l'exploitation des gisements d'hydrocarbures par fracturation hydraulique et l'article 3 visant à abroger les permis de recherche ayant recours à cette technique.
 Une fois saisi, le Conseil Constitutionnel doit se prononcer dans un délai de 3 mois.

(**) Dès que les conditions de sa distribution en France seront définies

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